Prévalence de Mycoplasma pneumoniae avant et pendant l’épidémie de Covid-19

Abstract

Parmi les mycoplasmes, seul M. pneumoniae présente un pouvoir pathogène respiratoire certain. Le caractère souvent bénin des infections respiratoires â M. pneumoniae fait que la recherche de cette étiologie est rarement demandée et sa fréquence réelle difficile a estimer. Les mycoplasmes sont des bactéries dépourvues de paroi et de protéines de liaison aux pénicillines, d’oü l’inefficacité des bèta-lactamines les concernant. Ce sont les plus petits micro-organismes capables de pousser sur un milieu acellulaire. M. pneumoniae est probablement la cause la plus fréquente des pneumopathies de l’enfant et vient au cinquième rang des agents responsables de pneumopathies communautaires. L’infection pulmonaire â M. pneumoniae débute par l’adhésion des bactéries sur l’épithélium respiratoire, celle-ci étant suffisamment forte pour empècher l’élimination des bactéries par les sécrétions muqueuses et les mouvements ciliaires. Lors de l’infection par M. pneumoniae, la réaction de l’hote consiste essentiellement en une réaction de type inflam- matoire par activation des macrophages, production de cytokines et proliferation lymphocytaire. Toutes les études montrent que c’est l’enfant entre 5 et 9 ans qui est le plus souvent concerné par l’infection â M. pneumoniae. Le délai d’incubation de la maladie est d’une a trois semaines et l’apparition des symptomes (malaise général avec fièvre, céphalées, myalgies, arthralgies et toux, signe de loin le plus constant) se fait de fagon lente et progressive. Influence du Covid-19 sur les infections â M. pneumoniae Un réseau mondial collaboratif a été mis en place pour évaluer l’effet des interventions non pharmaceutiques (masque, gel hydroalcoolique pour le lavage des mains) contre la Covid-19 sur la transmission de M. pneumoniae [1]. Des données provenant de 34 sites de 20 pays d’Europe, d’Asie, des Amériques et d’Océanie ont été recueillies [2]. Les tests utilisés pour la détection des infections a M. pneumoniae ont été les techniques de PCR dans 62,39 % des cas, une combinaison de techniques de PCR et de recherche des anticorps par ELISA dans 34,24 % des cas et les techniques sérologiques seules dans 3,37 % des cas. Les données recueillies par l’intermédiaire de ce réseau ont montré une incidence significativement réduite de M. pneumoniae entre 2020 et 2021 après la mise en reuvre des interventions non pharmaceutiques (1,69 % du 1er avril 2020 au 31 mars 2021) par rapport aux années précédentes (8,61 % entre 2017 et 2020). La réouverture des écoles a eu peu d’effet sur la transmission de M. pneumoniae en 2020, ce qui a paru surprenant car les enfants sont considérés comme étant les principaux moteurs des infections dues a ces bactéries. La levée des interventions non pharmaceutiques a entrainé la résurgence de nombreux agents pathogènes respiratoires. En effet, le réseau a suivi l’incidence des infections a M. pneumoniae durant la période du 1er avril 2021 au 31 mars 2022 au cours de laquelle les interventions non pharmaceutiques ont été assouplies ou interrompues. Il a été constaté une suppression soutenue de M. pneumoniae en 2021-2022 alors que d’autres agents pathogènes sont réapparus comme indicateurs de transmission communautaire (virus respiratoire syncytial, virus Influenza particulier). Compte tenu de la lenteur de multiplication (temps de géné- ration de six heures et de la propagation lente de M. pneumoniae (période d’incubation d’une a trois semaines), un intervalle de temps plus long pourrait etre nécessaire pour la reprise au sein de la population des infections a M. pneumoniae après la levée des interventions non pharmaceutiques. Les mesures de prevention appliquées pendant la pandémie de Covid-19 ayant réduit l'exposition aux germes respiratoires, leur fin pourrait entrainer une vague importante d’infections a M. pneumoniae avec une augmentation des cas sévères ou des manifestations extrapulmonaires. Une surveillance continue des infections a M. pneumoniae permettrait d’alerter sur cette résurgence. Traitement des infections â M. pneumoniae Les mycoplasmes sont habituellement résistants a certaines familles d’antibiotiques (beta-lactamines, rifampicine, polymyxine) et les antibiotiques potentiellement actifs sont les macrolides et apparentés, les fluoroquinolones et les tétracyclines. Jusqu’au début des années 2000 la resistance aux macrolides était exceptionnelle et ces antibiotiques constituaient le traitement de première intention chez l’enfant, les fluoroquinolones étant déconseillés. Actuellement l’observation de plus en plus fréquente de la resistance aux macrolides est en train de devenir un problème de santé publique particulièrement en Asie du Sud, justifiant la surveillance mise en place dans différents sites (Bordeaux, Zürich, Londres, Japon, Cuba, Taiwan) (figure 1).). Figure 1 Résistance actuelle de M. pneumoniae aux macrolides. D'après [3]. Déclaration de liens d’intérets : l’autrice déclare ne pas avoir de liens d'intérets. source D’après une communication de P.M. Meyer Sauteur - Zürich 42e Réunion interdisciplinaire de chimiothérapie anti-infectieuse Paris - le 12 décembre 2022.